La licence globale aurait-elle été possible ?
En ces temps troubles de HADOPI, celle qu'on avait fait sortir par la porte revient discrètement par la fenêtre…
J'ai pu constater que mes proches (et pas seulement ceux couverts de poux qui m'accompagnent dans ma cage) ont de plus en plus recours à des abonnements vers des services de VPN, d'anonymisation d'IP, de streaming ou de téléchargement direct. C'est un phénomène un peu nouveau : depuis que la Haute Autorité Des Orang-Outang Pour les Idioties sévit, même légèrement, tous ces dispositifs payants deviennent vachement à la mode.
Et c'est là que certains ressortent le spectre de la licence globale, supposée apporter une solution aux problèmes du téléchargement et de la rémunération des artistes. Après tout, c'est vrai : l'argent qui rentre dans les caisses de RapidShare ou MegaUpload, tu peux être certain qu'il ne verra jamais le comptable de la SACEM ! Payer une licence globale aurait donc été bien mieux que de laisser émerger des sociétés douteuses et peu scrupuleuses amassant beaucoup, mais alors beaucoup de pognons.
Et cela sans compter sur la quantité faramineuse que risque de coûter la HADOPI aux contribuables, puisqu'il va bien falloir payer TMG, ces pots de miels débiles, la dénonciation des IPs auprès des opérateurs, les lettres recommandés, et j'en passe ! Alors, la licence globale, une si bonne idée ?
Permis de tuer
Il est vrai que la licence globale, ou l'extension de la taxe pour copie privée aux connexions Internet (en plus des CD, DVD, BD et autres médias de stockage plus ou moins volatiles) apparaît comme une sorte de miracle à l'heure où MegaVideo fait un chiffre d'affaire probablement hors de portée de l'imagination d'un Babouin. L'argent retourne dans les poches des ayant-droits et avec relativement peu d'intermédiaires en prime.
Néanmoins, elle pose un problème majeur : comment va-t-on répartir les 15€/mois dont tout abonné à l'Interwebz devrait s'affranchir ? On peut s'appuyer sur les statistiques des rézo P2P via une société tierce. Cela permettrait de rémunérer équitablement les ayant-droits mais ça ne donnerait pas beaucoup d'indications sur comment rémunérer les artistes derrière.
Alors pourquoi ne pas nationaliser les trackers BitTorrent ? En les déclarant d'utilité publique, on pourrait facilement tirer les chiffres de téléchargement et donner la rémunération correspondante aux gens qui la méritent. Et puis, ça permettrait à certaines chaînes de la TNT de diffuser le top 50 Emule de la semaine.
Ou alors une déclaration individuelle tous les mois ? Avec une notation de l'œuvre en prime, histoire d'avoir un retour client ?
Ahem, ahem… Tu sens bien que le système atteint là une sorte de limite. Sans compter le fait qu'on peut facilement faire des choses pour la création française mais qu'il serait presque impossible de faire pareil pour le cinéma américain ou la chanson engagée suédoise.
Il faut aussi voir que l'on va probablement ruiner les intermédiaires actuels comme la FNAC, UGC ou Micromafia. Si je paye pour télécharger, quel est l'intérêt d'aller repayer pour aller au cinéma ? J'ai déjà peu de scrupules à copier les CD de mes potes puisque je paye indirectement la SACEM sur le média vierge… Alors si on m'y autorise et même m'y encourage, aucune raison de se faire chier : je vais piller comme un porc tout ce que je trouve !
O RLY ?
Entre une HADOPI répressive au possible et une licence globale impossible à appliquer et peut-être trop permissive, finalement le statu quo d'il y a 5 ans donnait un bon compromis. Mais maintenant, il est trop tard.
Et finalement tout cela ne solde pas le fond du problème : à l'heure de la diffusion massive, immédiate et généralisée de la culture, peut-on encore faire entrer dans le domaine public des œuvres dont l'auteur est mort il y a 70 ans ? Imagine qu'il faudra attendre 70 ans après la toute proche overdose de Lady Gaga pour pouvoir tranquillement siffloter Poker Face sous la douche… C'est déjà une éternité à l'échelle de nos vies, à l'échelle d'Internet, ce n'est pas tenable.
Ce système débile et essouflé du XXème siècle ne pourra plus tenir bien longtemps… Il lui manque juste un déclic avant d'imploser…